J’ai foulé du pied mes paysages,
lentement j’ai suivi les chemins
à travers les collines.
J’ai franchis des ruisseaux,
caressé la pierre,
gratté l’écorce des arbres,
humé l’air du temps,
embrassé le ciel.
J’ai laissé mes empreintes dans la terre.
A grand coup de pinceau, sauvagement, courbée en deux à même le sol,
j’ai travaillé mes grands papiers.
Je les ai piétinés, déchirés, maltraités.
Brossés et caressés.
Mon seau à eau s’est renversé.
De rage j’ai frotté, essuyé.
Un changement d’humeur m’a fait chercher une autre couleur,
une autre lumière.
Le papier colle, se froisse. Sèche.
Des mains je m’essuie le front.
Et me voilà toute barbouillée.
La terre salit doucement à qui veut bien la toucher.
J’ai pris un peu d’eau dans le creux de ma main.
J’ai frotté mon visage.
L’eau était douce et froide.
Je me suis assise à l’ombre des pins à même la terre.
Au loin quelques abris, cabanes, citadelle d’un autre temps.
Je me suis assoupie en pensant à la sueur des hommes,
à leurs mains calleuses, noircies par la terre, rongées par le sel.
Au loin la mer.
Je ne vois personne.
Sans doute l’heure de la sieste.
J’irai me baigner un peu plus tard.